Avantages des arts martiaux

« L’art ne fait pas l’homme, mais l’homme fait l’art »
(Gichin Funakoshi, 1869-1957)

De tous temps, la pratique des arts martiaux a été considérée comme un moyen d’atteindre à la fois une excellente condition physique, mais aussi comme un moyen d’aspirer à une meilleure attitude mentale, souvent désignée dans la littérature sur les arts martiaux comme « l’esprit ZEN ». En fait, dans les arts martiaux, il n’est pas facile de définir où s’arrête l’aspect physique et où commence l’aspect mental, où s’arrête la technique et où débute l’esprit, tellement les deux aspects sont étroitement liés. La pratique occidentalisée des arts martiaux met souvent plus d’emphase sur la performance physique et sportive, que sur l’esprit Zen. Il va sans dire qu’on ne saurait dénier les avantages physiques que procure la pratique du karaté et des arts martiaux en général. Ainsi :

AVANTAGES PHYSIQUES :

  1. La pratique des arts martiaux permet de développer harmonieusement toutes les parties du corps. Déjà la seule période d’échauffement en début de cours (période variant de 15 à 30 minutes) se compare avantageusement à n’importe quel cours d’aérobie.

  2. Contrairement à certains sports pour lesquels la force et la vigueur musculaires sont primordiales, en karaté, le développement physique met surtout l’accent, d’abord sur une bonne capacité cardio-respiratoire, mais aussi sur la flexibilité et la souplesse. Ainsi, la période d’échauffement comprend beaucoup de mouvements d’étirement musculaire, de flexions, de rotations, aussi bien au niveau des membres inférieurs que supérieurs.

  3. Pendant un cours, la pratique répétitive des katas peut constituer un excellent entraînement aérobique, dans la mesure, bien entendu, où le karatéka y investit le maximum de ses énergies. La pratique des katas permet encore de développer une excellente coordination des mouvements combinés des bras, des jambes, des hanches, bref de tout le corps. Cette coordination est parfois difficile à atteindre pour le très jeune karatéka, mais peut contribuer à un développement plus précoce de sa coordination.

  4. La pratique des techniques sur attaque et des techniques d’autodéfense permettent d’augmenter la rapidité des réflexes, la mobilisation rapide et explosive des ressources d’énergie, de manière à développer un bon sens du « timing » entre la vitesse de l’attaque et la promptitude de la défense.

  5. Le karaté dispose d’une variété de techniques et de mouvements parmi lesquels le karatéka peut établir ses préférences ou démontrer ses aptitudes. Cela fait en sorte qu’il peut être abordé dès l’enfance, mais il n’y a pas d’âge idéal pour en débuter la pratique, comme en témoignent les cas fréquents de personnes atteignant un degré de ceinture noire à un âge relativement avancé.

  6. Pour résumer les nombreux avantages physiques du karaté, on peut dire que celui-ci partage le dénominateur commun à toute activité sportive pratiquée régulièrement et avec assiduité : le développement harmonieux des muscles, une souplesse et une résistance accrue… bref une meilleure santé et une bonne forme physique.

    AVANTAGES MENTAUX:

  1. Ainsi qu’il l’a été mentionné au premier paragraphe, le karaté, comme tout art martial est étroitement associé à « l’esprit ZEN ». Le mot japonais « ZEN » se traduit littéralement par « Totalité, tout, complètement », la notion d’esprit ZEN faisant donc référence à l’harmonisation la plus parfaite possible du corps et de l’esprit en un TOUT indissociable. Il va de soi qu’en Occident, la notion du ZEN délaisse un peu ses origines bouddhistes et se « laïcise », mais en adhérant quand même à cette recherche de la vérité intérieure.

  2. Il est connu que la pratique du karaté permet de développer la concentration, la discipline et la maîtrise de soi, mais aussi le respect de soi et des autres. De fait, comme toute activité sportive, l’exercice physique permet de mettre de côté temporairement les tracasseries du quotidien. Elle stimule favorablement les facultés intellectuelles, la concentration et la mémoire.

  3. L’entraînement aux méthodes d’autodéfense contribue aussi à améliorer la confiance en soi, l’attitude vigilante et les réflexes de protection personnelle, dans les cas, non souhaitables évidemment, où le karatéka serait exposé à une agression. Il va sans dire cependant, que le karatéka digne de ce nom ne doit jamais être l’instigateur ou le provocateur et dans la mesure du possible, il doit éviter d’avoir à recourir à son bagage d’autodéfense et privilégier l’harmonie et la paix.

  4. La pratique des arts martiaux, en Orient, revêtait à ses origines un caractère religieux. Qu’on se rappelle simplement le fait que ceux-ci ont pris naissance dans un monastère bouddhiste (au temple Shaolin, dans la province du Henan, en Chine). Les moines devaient se plier non seulement à un entraînement physique rigoureux, mais aussi à une pratique spirituelle partagée entre la méditation, le recueillement et la prière. Il va sans dire qu’en Occident, on a « adapté » cette pratique Zen spirituelle, on en a « extrait » la portion, disons « morale », laquelle permet quand même d’aboutir à une meilleure attitude morale, à un esprit conciliant et animé de sentiments de respect envers soi et envers les autres, d’un comportement digne.

  5. Le dépassement de soi et la recherche de la perfection sont encore des caractéristiques de la pratique du karaté. Un bel exemple nous en est donné par celui qui est considéré comme « le père du karaté moderne », Gichin Funakoshi (1869-1957). À l’école d’Okinawa où il fait son apprentissage du karaté, la pratique d’un kata se poursuivait pendant 3 ans, pendant lesquels mois après mois, le kata était répété et l’apprentissage d’un nouveau kata étant formellement interdit. Cette méthode peut nous paraître exagérée, mais elle démontre le sens de la perfection du maître qui affirmait, modestement, quelques jours avant sa mort, qu’il commençait enfin à « sentir le Zuki » (coup de poing).
Texte: Gilles TANGUAY, 4e dan Kyoshindo
© Karaté Kyoshindo (2003)